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8 Mai 1945 : le retour oublié des prisonniers de guerre français‎

Le 8 mai 1945, alors que la France célèbre la fin de la Seconde Guerre mondiale, un autre événement historique se joue dans l’ombre des grandes victoires. Un million de prisonniers de guerre français, capturés en 1940 lors de la débâcle militaire, s’apprêtent à retrouver leur pays après cinq longues années de captivité en Allemagne. Leur retour, pourtant massif, se déroule dans un silence presque gêné, loin des honneurs réservés aux résistants.

‎Ces hommes, soldats de l’armée régulière tombée face à la puissance de la Wehrmacht, rentrent dans un pays profondément transformé. La Libération a installé de nouveaux repères, de nouveaux héros. Les figures de la Résistance, actives dans l’ombre pendant l’Occupation, sont désormais les visages officiels de la victoire. Face à eux, ces anciens prisonniers, perçus comme les témoins d’une défaite, peinent à trouver leur place dans le récit national.

‎Dans les foyers, les retrouvailles sont parfois douloureuses. Les familles ont appris à vivre sans ces pères, frères ou maris absents depuis cinq ans. Les enfants ont grandi, les habitudes se sont modifiées, et la guerre a creusé des fossés invisibles. Le retour ne signifie pas forcément la fin des blessures : il ouvre souvent une période d’adaptation, de silence et de non-dits.

‎L’État français, préoccupé par la reconstruction et la refondation de la République, ne met pas en avant ces revenants dans la mémoire officielle. Les commémorations, les discours et les manuels scolaires insisteront davantage sur les exploits des maquisards et des grandes figures de la Résistance que sur le sort de ces soldats capturés. Une mémoire restée longtemps marginale.

‎Et pourtant, leur expérience mérite d’être racontée. Celle d’hommes qui, dans les camps de prisonniers, ont survécu dans des conditions rudes, souvent humiliantes, et ont rêvé pendant cinq ans du retour au pays. Le 8 mai 1945 n’est pas seulement le jour de la victoire. C’est aussi celui du retour discret d’un million d’hommes qui, malgré tout, avaient porté l’uniforme de la France.

Mukaz

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