Les bébés possèdent un sens moral plus développé qu’on ne le pensait
Une nouvelle étude scientifique met en lumière une capacité étonnante chez les nourrissons : celle de différencier les individus adoptant des comportements “positifs” de ceux agissant de manière “négative”. Réalisée en milieu universitaire auprès de bébés âgés de quelques mois seulement, la recherche montre qu’ils réagissent différemment selon que les personnages observés dans une mise en scène aident ou entravent quelqu’un.
Selon les auteurs, des expériences basées sur l’observation des regards, du temps d’attention et du comportement général des bébés ont révélé une préférence systématique pour les personnages bienveillants. Lorsque les bébés assistent à une situation où un individu aide un autre à atteindre un objectif, ils manifestent davantage d’intérêt et de signes de satisfaction. À l’inverse, face à un personnage qui empêche ou nuit à autrui, leur réaction devient plus méfiante, parfois marquée par un rejet.
Ces travaux s’appuient sur un protocole déjà éprouvé dans les sciences cognitives : montrer aux bébés des scénarios simples avec des formes ou des marionnettes, l’une représentant un “aidant”, l’autre un “obstructeur”. Les nourrissons regardent spontanément plus longtemps ce qui les surprend ou les dérange, ce qui permet aux chercheurs d’évaluer leur perception morale implicite.
Pour les spécialistes, ces observations suggèrent que les bases du jugement social apparaissent bien plus tôt que prévu. Loin d’être un terrain neutre, le cerveau d’un bébé serait déjà équipé de mécanismes permettant d’identifier les intentions d’autrui, un élément crucial pour la survie et la socialisation.
Cette étude ouvre également la voie à de nouvelles recherches sur le développement de l’empathie, de la coopération et des comportements prosociaux. Si ces capacités se manifestent dès les premiers mois de vie, elles pourraient être façonnées ensuite par l’environnement, l’éducation et les interactions familiales.
Les chercheurs insistent toutefois sur la prudence : il ne s’agit pas de dire que les bébés portent un jugement moral au sens adulte du terme, mais qu’ils disposent d’une sensibilité innée les orientant vers les comportements positifs. Cette prédisposition pourrait constituer l’un des fondements biologiques de la morale humaine.
