Mali : Barrick Gold voit ses bureaux fermés par les autorités
Le gouvernement malien a fermé les bureaux de Barrick Gold à Bamako en raison du non-paiement d'impôts, aggravant un conflit fiscal autour du complexe aurifère Loulo-Gounkoto. L'État réclame des centaines de millions de dollars d'arriérés suite à la réforme du code minier de 2024. Malgré un accord partiellement négocié, Barrick dénonce des frais de justice excessifs et menace de recourir à l'arbitrage international. L'exploitation de la mine est suspendue depuis janvier.

Mali – Avril 2025
Le bras de fer entre le gouvernement malien et le groupe minier canadien Barrick Gold prend un nouveau tournant. Accusée de ne pas avoir respecté ses obligations fiscales, la multinationale a vu ses bureaux à Bamako fermés par les services des impôts, alors que les tensions autour du complexe aurifère de Loulo-Gounkoto ne cessent de s’aggraver.
En toile de fond, une réforme du code minier adoptée en 2024 par le Mali, qui impose de nouvelles exigences fiscales aux opérateurs du secteur. L’État malien réclame à Barrick Gold plusieurs centaines de millions de dollars en arriérés d’impôts. Cette réclamation, selon un conseiller du ministère des Mines, est perçue comme rétroactive par les entreprises concernées, ce qui bloque toute avancée dans les négociations.
La mine de Loulo-Gounkoto, exploitée à 80 % par Barrick et à 20 % par l’État malien, est à l’arrêt depuis janvier, après la saisie de trois tonnes d’or sur le site par les autorités. De plus, quatre employés maliens de la société sont toujours détenus depuis novembre, et des mandats d’arrêt ont été émis contre des hauts responsables de Barrick pour des soupçons de blanchiment de capitaux.
Dans un communiqué publié le 15 avril, Barrick Gold dénonce la fermeture de ses bureaux et les menaces de mise sous tutelle de la mine. Le groupe affirme avoir déjà versé 85 millions de dollars au Mali en octobre dernier dans le cadre d’un accord en cours de finalisation avec le ministère de l’Économie et des Finances. Cependant, selon l’entreprise, la signature de cet accord serait bloquée par des « intérêts individuels ».
Une source proche du dossier affirme également que l’État malien exige désormais plus de 15 milliards de FCFA (soit environ 23 millions d’euros) au titre de frais judiciaires, une revendication supplémentaire jugée excessive par la société minière.
Malgré ces tensions, Barrick Gold se dit toujours prête à rechercher un terrain d’entente, tout en se réservant le droit de recourir à l’arbitrage international si nécessaire.
L’industrie aurifère représente environ 25 % des recettes budgétaires du Mali, ce qui confère à ce différend un impact économique et politique considérable pour le pays.