Tchad : Un an après la mort de Yaya Dillo, le souvenir d’un opposant qui dérangeait

Il y a un an, le 28 février 2024, Yaya Dillo, figure de l’opposition tchadienne et cousin du président Mahamat Idriss Déby Itno, trouvait la mort lors d’un assaut mené par l'armée contre le siège de son parti, le Parti socialiste sans frontières (PSF), à N’Djamena. Ce drame, qui avait secoué le pays, continue de soulever des interrogations et alimente le débat sur la situation politique et les libertés démocratiques au Tchad.

Un assassinat ou une opération militaire ?

Les circonstances de la mort de Yaya Dillo restent controversées. Pour les autorités, il s’agissait d’une opération légitime visant à neutraliser un homme accusé de fomenter des troubles. Mais pour ses partisans et de nombreux observateurs, cette intervention militaire relevait davantage d’un assassinat politique destiné à éliminer un opposant gênant. Son décès a d’ailleurs provoqué une onde de choc au sein de l’opinion publique et renforcé la méfiance envers le régime en place.

Yaya Dillo n’était pas un inconnu sur la scène politique tchadienne. Ancien rebelle, il avait intégré le gouvernement avant de se tourner vers l’opposition, dénonçant ce qu’il considérait comme une confiscation du pouvoir par le clan Déby. Ses prises de position tranchées et son engagement contre le régime lui avaient valu plusieurs altercations avec les autorités, notamment une tentative d’arrestation en 2021 qui s’était soldée par un assaut contre son domicile.

Une opposition affaiblie mais toujours debout

Un an après sa disparition, son parti et ses sympathisants peinent à se remettre de cette perte. Toutefois, la répression n’a pas fait taire l’opposition. Plusieurs figures politiques continuent de réclamer justice et appellent à une transition démocratique réelle. La communauté internationale, quant à elle, observe avec attention l’évolution de la situation, bien que les réactions restent mesurées face au pouvoir tchadien, un allié stratégique dans la région.

La mort de Yaya Dillo illustre les tensions qui persistent au sein du Tchad post-Déby. Alors que le pays se prépare à d’éventuelles élections, la question des libertés politiques et du pluralisme reste en suspens. L’avenir dira si cet événement marquant aura été un tournant ou une énième illustration de la fragilité démocratique tchadienne.